Index des revues

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    Par Marie-Martine Tomitch
    Emmanuel Fraisse, dir

    Les étudiants et la lecture

    Paris : Presse universitaire de France, 1993. - V-262 p.- 21cm. - (Politique d'aujourd'hui). -ISBN 2 13 04 6060 7- Prix : 147 F

    Les récentes enquêtes nationales sur la lecture indiquent que les étudiants n'échappent pas au phénomène de recul des pratiques de lecture dans les jeunes générations. Ainsi, la dernière enquête menée par le ministère de la culture sur les pratiques culturelles des français montre que la proportion des jeunes scolarisés de plus de quinze ans qui n'achète pas de livres a progressé de 21 % à 26 % entre 1981 et 1988.

    A l'heure où la lecture étudiante constitue un sujet d'inquiétude tant pour les professionnels que pour les pouvoirs publics, cette nouvelle publication des Presses universitaires de France vient opportunément nourrir l'information et le débat sur les rapports des étudiants avec le livre et l'écrit.

    Ouvrage collectif, coordonné par Emmanuel Fraisse, responsable de la mission lecture étudiante au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, les contributions de ce livre sont le reflet et le prolongement d'une réflexion engagée lors des journées nationales de la lecture étudiante de Royaumont (7 - 10 juillet 1992).

    Le sommaire se divise en trois parties. Dans une première partie : "Approches sociologiques" Jean-Paul Molinari, Olivier Galland, François de Singly nous proposent une réflexion sur la question de l'identité étudiante, la tension existant entre des pratiques héritées (ou l'absence de pratiques) et des comportements d'étudiants face au livre et à la lecture.

    S'efforçant de saisir l'écart entre lectures pratiquées et lectures déclarées, Anne-Marie Chartier, Jocelyne Debayle et Marie-Paule Jachymovicz, évoquent le problème des limites des outils de mesure généralement utilisés pour rendre compte de la réalité de ces comportements. Ainsi rappellent-ils : "Les spécialistes de la culture ont depuis longtemps souligné à quel point la consommation des biens culturels ne se déclare pas sans distorsion, dans la mesure où elle s'accompagne toujours de jugements sur la valeur socialement reconnue ou déniée à tel ou tel comportement mais aussi à tel ou tel produit".

    La deuxième partie du livre intitulée : "Lectures, pédagogie et autoformation" traite de questions de méthodologie d'accès à la lecture et engage une réflexion pédagogique. Pour les contributeurs de cette section (Francis Marcoin, Paul Arnaud, Françoise Sublet, Alain Viala, Floriane Gaber, Patrick Retali), il s'agit de voir : "Comment des interventions d'enseignement peuvent conduire de la lecture imposée à des lectures d'autoformation ; de montrer comment l'université peut favoriser l'accès au livre, à la lecture et à l'écriture, c'est à dire à l'apprentissage personnel."

    Dans la dernière partie du livre : "Etudiants, offre et objets de lecture", Daniel Renoult montre combien les services offerts par les bibliothèques universitaires se sont améliorés au cours des dernières années.

    Dans le même temps, et comme conséquence sans doute (1) de l'évolution de l'offre, la fréquentation des bibliothèques par les étudiants connaît une croissance régulière plus forte que le pourcentage d'inscriptions et cette demande ne cesse de progresser. Par ailleurs, l'apparition des bibliothèques des antennes universitaires délocalisées force à l'innovation bibliothéconomique et à l'apprentissage d'un décloisonnement entre lecture publique et lecture universitaire.

    Ainsi, en étudiant la naissance de la médiathèque publique et universitaire de Valence, Martine Blanc-Montmayeur, analyse une forme originale de synergie entre lecture universitaire et lecture publique.

    Philippe Lane clôt cette partie en évoquant la manière dont les éditeurs (particulièrement en Sciences humaines) se sont efforcés de répondre, notamment en matière de collections universitaires du premier cycle, à la demande des publics étudiants.

    Emmanuel Fraisse conclut cet ouvrage et nous propose une analyse des principaux enseignements du sondage établi à l'initiative de la mission lecture (1) . L' analyse de ce sondage, première observation d'ensemble des relations de la population étudiante face à la lecture, lui permet de dégager quelques grands axes de ce qui pourrait constituer "une politique de la lecture dans les établissements d'enseignement supérieur".

    Une bibliographie et une liste de travaux achevés, ou en cours, sur les comportements de lecture des étudiants complètent cet ouvrage. Réunissant les contributions de bibliothécaires, d'enseignants, de spécialistes de la lecture, de sociologues, cet ouvrage apparaît comme une première et précieuse synthèse de ce réseau de réflexions, d'études et d'expérimentations que la mission lecture étudiante, créée en octobre 1991 au ministère de l'Education nationale, ambitionne de susciter.

    Dans une France qui compte plus d'étudiants que de paysans, où les pratiques culturelles se sont transformées au cours des trente dernières années, on ne peut désormais, en ce qui concerne les livres à l'université, se limiter à une augmentation de l'offre. Il faut aussi susciter, améliorer la demande de lecture et promouvoir une nouvelle politique de la lecture à l'université. Cela suppose, comme le souligne Emmanuel Fraisse, en conclusion, une véritable coopération entre les différents acteurs de la chaîne du livre et de lecture.

    1. Sondage SCP Communication pour le compte du ministère de l'Education nationale et de la Culture, et du journal Le Monde Les étudiants et la lecture, signalétique, filières, comportements, Paris, SCP/Communication, 1992, 3 vol ; 210 pages. retour au texte