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"Continue la lecture, on n'aime pas la récré..."

1993
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    Par Jacqueline Gascuel
    Marie-Aude Murail

    "Continue la lecture, on n'aime pas la récré..."

    Paris : Calmann-Lévy, 1993. - ISBN 2 7021 2259 0 - Prix : 89 F

    Auteur d'une trentaine de livres pour enfants, Marie-Aude Murail croit à son métier, parce qu'elle croit " qu'à travers la littérature de jeunesse se joue une dernière chance, celle de donner aux enfants les mots pour le dire... pour dire ce qu'on souffre, ce qu'on désire, ce qu'on aime, pour désigner le mal, le bien, la peur la haine. Tous les mots qui font l'homme debout ". Mais pour elle ce métier ne fut pas toujours facile : les débuts dans la presse du coeur, puis dans la presse enfantine, se trouvèrent confrontés à maints censeurs, à l'exigence d'histoires assagies, au vocabulaire standardisé... Parfois Marie-Aude Murail ne reconnaissait plus vraiment son texte dans ce qui était finalement publié. Mais elle sut se prendre au jeu, persévérer ... Plus tard sont venus d'autres problèmes : le désir de rencontrer son public, de tester ses histoires non plus seulement sur son mari ou son fils, mais en grandeur réelle, devant un auditoire plus vaste, plus divers : des classes, tout entières, dans des quartiers difficiles ou de lointaines banlieues. De le rencontrer aussi pour un travail suivi, lecture/écriture, au cours de "classes-lecture". Au total 20 000 jeunes en quatre ans... un bon score déclare-t-elle - à juste titre !

    Tout cet ouvrage, vivant, sensible - au style direct - développe des thèmes qui sont au coeur de préoccupations des bibliothécaires de jeunesse : l'incohérence des tentatives de la censure et la manière d'aborder avec les enfants les questions "difficiles" (que les adultes jugent parfois trop dures pour leurs enfants) : la mort, la sexualité... - la place relative des classiques parmi d'autres lectures -l'illettrisme ou les enfants privés d'imaginaire qu'il faut éveiller, émouvoir - le temps pour raconter et celui pour écouter ainsi que le difficile dialogue avec certains adultes, parents ou enseignants. Un dernier chapitre, intitulé "Un trésor pour quelqu'un" relate quelques unes des multiples rencontres avec les enfants, leurs questions, les dialogues qui s'établissent spontanément, les lettres qui les prolongent, bref les mille liens que l'écrivain tisse avec son public et qui, l'avoue-t-elle, l'ont profondément marquée.