Autoroute de l'information », « réseau des réseaux ", autant de concepts et de réalisations qui traduisent bien, avec l'ouverture ac- tuelle des frontières, une idée nouvelle de circulation et d'échanges d'informa- tion au plan international. Et pourtant, le catalogage partagé est une idée déjà ancienne d'un quart de siècle dans l'O- hio : une initiative privée de mettre en réseau 52 bibliothèques d'un état amé- ricain a donné naissance au plus vaste réseau bibliographique international : OCLC (Online Computer Library Cen- ter).
Pour ne citer que quelques chiffres élo- quents : plus de 30 millions de notices bibliographiques avec un accroissement de 6 000 notices par jour ; plus de 17 000 bibliothèques membres dans 45 pays représentant 373 langues euro- péennes bien sûr, mais aussi le latin, le grec, le russe, le chinois, etc.
Les notices de monographies au sens large du terme y représentent 84 % du fonds : ouvrages traditionnels mais aussi thèses, congrès, normes, brevets, rapports techniques et même littérature grise. Parmi les autres documents trai- tés, on trouve les périodiques en tant que collections (1,6 million de titres), les documents audiovisuels, les enregis- trements sonores et les partitions qui ré- pondent aux besoins des discothèques publiques, les cartes géographiques, les manuscrits, les logiciels. La variété des membres d'OCLC en fait une base tota- lement pluridisciplinaire : il n'est pas rare d'y retrouver des documents de théologie en latin du xve au XIXesiècle à côté de rapports d'études nucléaires !
A partir d'un micro-ordinateur compati- ble PC, les bibliothèques peuvent récu- pérer en ligne ou sur CD-ROM les no- tices correspondant à leurs nouvelles acquisitions : c'est le catalogage cou- rant. Elles peuvent aussi participer plus activement à l'enrichissement de la base en créant dans le réseau des notices non trouvées. Le principe de facturation est simple et efficace : on paie toute re- cherche effectuée dans la base (7,40 F H.T. (1) ), mais en revanche on est crédité pour toute notice créée dans le réseau (15,80 F H.T.).
La reprise informatique du rétrospectif, est souvent problématique en biblio- thèque par manque de personnel ou d'argent : que les fonds plus ou moins importants aient fait ou non l'objet d'une informatisation préalable, totale ou partielle, on peut à tout moment en- visager de recourir aux services d'OCLC pour récupérer des notices biblio- graphiques complètes, normalisées et d'un format informatique indépendant de tout logiciel d'application et répon- dant aux spécificités de la norme ISO 2709. En matière de conversion rétrospective, des solutions variées sont à la disposition des bibliothèques : se- lon le nombre de documents à traiter, le degré de sous-traitance souhaité, le taux de recouvrement évalué, les solu- tions adaptées à toutes les situations... et à tous les budgets ! (à partir de 4 F H.T. en service économique MICROCON ou TAPECON).
Un réseau bibliographique de cette am- pleur présente aussi l'intérêt de consti- tuer un catalogue collectif au plan in- ternational, la dérivation comme la création de notices étant assorties de lo- calisations. Le prêt international est donc un des services naturellement pro- posés par OCLC. Une bibliothèque membre peut choisir librement son sta- tut : emprunteurs et/ou prêteuse. Dans le second cas, elle bénéficiera d'un cré- dit pour fourniture de documents à la demande.
L'intérêt d'OCLC pour les bibliothèques spécialisées n'est plus à démontrer : le taux de récupération de notices est éle- vé dans de nombreux domaines de la connaissance scientifique et technique. Pourtant, dans bien d'autres cas, OCLC peut présenter un intérêt réel pour les bibliothèques françaises.
La liste des usages d'OCLC n'est pas li- mitative et chaque bibliothèque aura toute liberté pour en imaginer de nou- veaux : vérification bibliographique ou aide aux acquisitions par exemple. Bien sûr, OCLC est et restera une base majo- ritairement de langue anglaise, bien qu'elle contienne deux millions de no- tices décrivant des documents en lan- gue française. Faut-il le déplorer alors que tout le monde est unanime sur la nécessité de connaître les langues étrangères et que l'accroissement en France des fonds de langue étrangère est une réalité ? Nous ne le croyons pas, même s'il est dommage que la repré- sentation de la production littéraire de langue française dans une base interna- tionale reste faible. Mais aucune auto- route n'est à sens unique : il ne tient qu'à nous de profiter des infrastructures existantes pour faire circuler notre in- formation.