Comme le définit le résumé en tête de l'ouvrage, ce rapport, préparé pour le Centre de recherches sur les communications d'Ottawa par le Groupe conseil EDU-PLUS Inc., fait état d'un premier ensemble de recherches entreprises sur le développement de l'autoroute de l'information pour la francophonie mondiale.
Le premier article définit la notion d'autoroute de l'information par la convergence des technologies de support, la multidirectionnalité des échanges, l'universalité de l'accès et l'intégration multimédia des informations. Elle propose un nouveau modèle de communication qui sera vraisemblablement celui du xxiesiècle. Plus spécifiquement pour la francophonie, l'autoroute se développe depuis 25 ans avec des réseaux par satellite (Intelsat), des liaisons interuniversitaires (Renater), TV5.
Mais la plus connue des autoroutes est sans conteste Internet. Une histoire d'Internet, succincte mais claire, rappelle les principales étapes de ce réseau qui correspond actuellement le mieux à cette notion d'autoroute de l'information. ARPANET, NSFnet, Bitnet, le plan d'Al Gore et la situation du réseau dans différents pays, le Canada, l'Europe, l'Afrique et l'Asie. Pour chacun sont décrits différents réseaux dont, par exemple, le Réseau informatique de l'ORSTOM ou GreenNet qui couvrent en partie l'Afrique, Renater pour la France et une bonne vingtaine de réseaux canadiens.
Les organismes francophones qui, déjà, proposent des réseaux francophones sont l'ACCT, l'AUPELF-UREF, ainsi que les Sommets francophones ou la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique qui ont voté des résolutions pour le développement des réseaux dans ce continent.
Mais il faut bien constater la domination de l'anglais, non seulement dans le réseau mondial, mais dans tous les produits culturels liés à la puissance économique des peuples de langue anglaise. D'où la difficulté d'introduire dans ces réseaux des contenus français. Une partie du problème se situe au niveau des normes techniques. L'Internet utilise le code ASCII à 7 bits qui suffit à la transmission de l'anglais. Plusieurs essais ont été faits par certains réseaux ou fournisseurs pour introduire l'usage du code ISO 8839-1 à 8 bits qui, lui, permet le passage de nombreuses langues européennes avec les accents correspondants, mais ce code n'est pas encore généralisé, en attendant l'utilisation de la norme UNICODE qui, sur 32 bits, permet de transmettre toutes les langues, y compris le chinois et l'arabe.
La deuxième étape est la modification des protocoles (SMTP, MIME, etc.), ainsi que des terminaux, afin qu'ils acceptent de transmettre les textes en code à 8 bits. Elle comprend aussi la traduction en français des interfaces et des outils de navigation en partie effectuée par des universités canadiennes et françaises.
Mais ce sont véritablement les contenus qui permettront de développer un espace francophone. Le rapport cite bien le projet ABU (Association des bibliophiles universels) qui numérise des textes français et les propose sur le serveur du CNAM, le Trésor de la langue française qui rassemble plus de 2 000 textes français du XVIIe au xx" siècle. Il mentionne aussi la Bibliothèque nationale de France et la Bibliothèque nationale du Canada parmi les fournisseurs de contenus français. Mais cela ne suffit pas, et c'est vers la création de corpus qu'il faut plus largement s'orienter.
La conclusion est plutôt optimiste, fondée sur le désir d'expansion des pays développés, les forces du marché qui cherchent à tirer partie d'un domaine en voie d'extension et le développement intrinsèque des pays. Il en résulte une dynamique mouvante et fluctuante qui empêche de voir ce que seront les inforoutes de demain, mais il est urgent que la francophonie participe activement à cette révolution de l'information.
Une bibliographie, plusieurs tableaux sur le développement d'Internet, la liste des serveurs Gopher parlant français, des FTP anonymes complètent enfin l'ouvrage qui donne un aperçu un peu rapide des problèmes des francophones avec Internet.