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    Par Marc Chauveinc
    Antoine Iris

    Les autoroutes de l'information

    Paris : PUF, 1996. 127 p. (Collection Que sais-je? n° 3097). ISBN : 2 13 047870 0

    « Chacun a entendu parler des autoroutes de l'information », mais peu connaissent exactement ce que cela signifie, d'où l'intérêt de ce petit ouvrage publié dans une collection bien connue pour ses informations synthétiques et complètes. L'auteur s'est conformé aux règles de la collection en présentant les autoroutes de l'information. Il ne s'agit pas, comme l'affirme l'auteur, d'un cours d'informatique ou de télécommunications, mais d'une analyse socio-économique de l'avenir des réseaux.

    L'ouvrage commence par une analyse convaincante de la société de l'information qui remplace actuellement la société industrielle dominante au XIXesiècle. En effet, la production matérielle étant à peu près stabilisée, c'est le système d'information de l'entreprise qui va faire la différence de compétitivité, information portant sur les clients, sur la concurrence, sur l'environnement politique et financier. La valeur économique de l'information et de son traitement prend donc une part de plus en plus grande dans le budget des entreprises. Suivent ensuite trois exemples de l'importance de l'information dans le transport aérien, la grande distribution, la production industrielle. En gros, les besoins et les réactions des clients sont en permanence transmis à la production pour l'adaptation rapide des produits. Cette importance de l'information est aussi démontrée dans l'éducation, la culture et la sécurité.

    La chaîne des activités qui traitent de l'information commence aux producteurs. Et l'on voit bien que le mot information est pris dans un sens très large puis-qu'il recouvre tout ce qui est transmis : voix, écrit, image dans différents médias tels que radiotélévision, téléphone, réservations aériennes, transferts financiers, journalisme, achats, science et recherche. La chaîne se poursuit avec la transformation de l'information par son codage analogique ou numérique, son transport (poste, télégraphe, téléphone, réseaux hertziens ou informatiques) et sa distribution.

    Cette chaîne a suscité une industrie dont nous voyons tous les jours les progrès, depuis l'informatique, les sociétés de téléphone, les sociétés de télévision, le commerce électronique, la télésurveillance, etc. Il devient évident que les groupes de communication (Time-Warner) ou d'informatique (Microsoft) ont remplacé, financièrement et en prestige, les maîtres des forges du XIXesiècle. L'auteur répartit les différents partenaires de ce grand jeu mondial entre les utilisateurs, les producteurs d'informations, les opérateurs, les industriels informatiques qui connaissent des regroupements gigantesques.

    Il y a quand même un chapitre sur la technologie qui présente succinctement trois types de réseaux. Les réseaux filaires de télécommunications composés de câbles de transport (cuivre, fibre optique), de commutateurs, d'ondes hertziennes, de serveurs, avec un passage généralisé au numérique qui permet d'introduire dans le réseau une part de plus en plus grande de logiciels pour multiplier les services (synthèse de la parole, transmissions des images). L'évolution qu'il prévoit concerne la mobilité (téléphone), le transfert des images et la diversification des services offerts. Ceci grâce à un nouveau mode de transport asynchrone des données : l'ATM.

    La deuxième technique considérée est le réseau câblé de télédistribution dont l'auteur voit l'avenir tourné plutôt vers le téléphone, et le troisième le réseau large bande interactif qui utilise la technique ATM et la fibre optique. Large bande signifie gros débit donc une capacité de transport beaucoup plus importante qui permet la transmission des images et l'interaction. Internet est cité dans ce type de réseau, mais l'auteur souligne surtout ses limitations (sécurité, saturation) et le considère seulement comme une étape sur les autoroutes de l'information.

    Reprenant le concept d'autoroutes de l'information, l'auteur en restitue la paternité au vice-président américain Al Gore qui, avec la déréglementation des télécommunications, permet à tous les acteurs de participer à tous les types de réseaux : téléphone, câblo-opérateurs, diffusion d'images, multiservices. De nombreuses expériences ont vu le jour dans différents pays.

    Enfin, l'ouvrage se termine sur les scénarios pour l'avenir, avec comme toile de fond la fusion des télécommunications vocales et de la diffusion d'images pour aboutir au multimédia et le désengagement de l'État. Il y aura soit un foisonnement du marché, soit une reprise du service public, soit l'immobilisme. De toute façon, il s'agit d'un développement à long terme.

    L'auteur conclut que « tout ce que nous voyons aujourd'hui sur le marché peut être considéré comme une étape, ou une tentative, dans une évolution qui remplira bientôt notre vie de toutes sortes de combinaisons d'appareils de base que sont le téléphone, le Minitel, la télévision et le micro-ordinateur. »

    Cet ouvrage est donc synthétique, parfois trop, notamment sur la technique, mais explique clairement les enjeux socio-économiques de ces autoroutes dont le grand mérite sera une simplification et un élargissement des communications entre les hommes.