Index des revues

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    Par Jacqueline Gascuel
    Rony Brauman
    René Backmann

    Les médias et l'humanitaire

    Paris : CFPJ, 1996, 176 p. (coll. Médias et société). ISBN 2-85-900125-5. Prix : 95 F.

    Les petits volumes de cette collection destinée aux journalistes ou aux apprentis journalistes abordent très souvent des domaines qui concernent très directement le monde des bibliothèques et proposent sur le thème de la communication de multiples pistes de réflexions (voir aussi sur la collection Guides pratiques du CFPJ la note de lecture p. 97 du n° 171).

    Ici, un thème brûlant et d'actualité réunit deux auteurs dont les expériences professionnelles peuvent paraître bien différentes : Rony Brauman a été président de Médecins sans frontières de 1982 à 1994, cependant que René Backmann est journaliste au Nouvel Observateur. Et pourtant lorsqu'il s'agit d'évoquer le rôle des médias face à la démarche humanitaire leurs propos se rejoignent pour dénoncer les dérapages de l'information. Si les auteurs font référence à quelques repères historiques, comme la naissance de la Croix-Rouge, ils soulignent combien la guerre du Biafra (1967-69) a marqué un tournant : cette guerre qui a fait plus de victimes que celle du Vietnam a soudain envahit nos écrans en temps réel, les organisateurs de la campagne médiatique tentant de faire pression sur les gouvernements. Mais leur effort est voué à l'échec, dès lors que les images mobilisent sur l'objectif humanitaire et le soutien financier, mais dévient l'attention du public, les réalités politiques, l'origine ou l'explication des désastres étant escamotées. Et le ton de l'ouvrage peut se faire incisif : « La presse s'est abandonnée [...] à l'intox, au bourrage de crâne, à la manipulation, à l'information-spectacle la plus obscène [à propos de la Guerre du Golfe » René Backmann tout en rappelant que plusieurs études ont déjà été publiées sur le rôle des médias, déplore l'absence de toute réflexion globale et en conclut qu'aujourd'hui « ce n'est pas seulement l'information des citoyens qui est en péril, c'est la démocratie elle-même ». Il termine par un sinistre inventaire alphabétique des « crises médiatisées et des crises cachées qui touchent près de cinquante millions de victimes civils. Quelques annexes complètent le volume : des textes fondateurs, une carte, une présentation des organisations évoquées dans l'ouvrage, une bibliographie, ... Mais l'on pourra regretter l'absence d'une table détaillée des matières, si ce n'est d'un index.