Les points de vue des utilisateurs sur la Bibliographie nationale de France diffèrent largement selon leurs circuits du livre et leurs politiques de catalogage. Les points de vue expri- més ici sont ceux de bibliothèques exi- geantes, cherchant à profiter pleine- ment des avantages de l'informatisation tout en offrant le meilleur service à leurs lecteurs.
Les notices du dépôt légal sont, au dire même de la BNF, de simples notices de traitement interne. Elles ne corres- pondent à aucune norme : les zones de responsabilité manquent, le format aussi, alors que l'adresse de l'imprimeur est indiquée systématiquement. Leurs accès sont très simplifiés (un seul au- teur en cas d'auteurs multiples) et on y trouve de temps à autre des fautes de frappe. Bref, ces notices peuvent soit servir de base pour cataloguer des do- cuments très simples, soit servir de no- tice provisoire, en attendant l'écrase- ment par une notice complète.
Les notices complètes, ou notices de la Bibliographie de la France (du nom du service qui les produit à la BNF), sont beaucoup plus fiables, mais cependant variables. Les domaines privilégiés de la BNF - ouvrages scientifiques concer- nant l'histoire, la littérature ou les sciences sociales - sont particulière- ment bien traités. A contrario, les ro- mans ou les livres pour enfants sem- blent parfois négligés. Les bandes des- sinées posent de réels problèmes d'identification et les choix de catalo- gage n'en sont pas toujours cohérents.
La qualité des notices dépend aussi de la date à laquelle elles ont été rédigées : ainsi, les zones codées des notices rédi- gées entre 1976 et 1986 - informatisation limitée à l'impression de la Bibliographie nationale française - sont presque sys- tématiquement erronées.
Quatre à cinq pour cent des notices complètes comportent des erreurs gê- nantes pour la recherche - erreurs dans le titre ou dans les accès - d'après une étude menée par plusieurs biblio- thèques. Une proportion équivalente comporte des erreurs mineures (nom- bre de pages, formules ne corres- pondant pas exactement à la norme...). Les zones codées sont dans l'ensemble correctes sur CD-ROM, à l'exception de la zone 101 d'UNIMARC (langue origi- nale, systématiquement remplie en «français ,,), mais semblent poser plus de problèmes sur les bandes. Il arrive aussi que des documentaires ne comportent pas l'indexation RAMEAU.
Ces pourcentages d'erreurs sont relati- vement faibles, mais suffisants pour causer de réels soucis aux services de catalogage. Leur caractère aléatoire sur- prend l'utilisateur.
Qualité et rapidité, nouveau couple in- fernal de la BNF, vont-ils détrôner les trop fameuses conservation et commu- nication ? Comme la qualité des notices, leur délai de rédaction est parfois aléa- toire. Là encore, les ouvrages scientifi- ques sont mieux servis que les livres pour enfants... Aux difficultés à maîtri- ser le flot de documents s'ajoute l'attitude désinvolte de certains éditeurs vis-à-vis du dépôt légal, dont le décret d'appli- cation, piétiné tous les jours, ressemble à certaines résolutions de l'ONU...
Que souhaitent les utilisateurs à propos des notices de la Bibliographie natio- nale française? Un dépôt légal mieux respecté, une qualité et une rapidité mieux contrôlées et plus homogènes, mais aussi et peut-être surtout plus de transparence et de dialogue : les enjeux de ce dialogue se chiffrent en centaines d'heures de travail, par an, dans chaque bibliothèque.