La première, le savoir encyclopédique, présente de façon idéologique les présupposés de l'édition encyclopédique : depuis le XVIIIe siècle, et la grande entreprise de Diderot et d'Alembert, l'encyclopédie s'est voulue le porteur de l'idée de progrès, de développement de l'homme dans son siècle, par l'accès aux connaissances et aux instruments de la connaissance. Le propos de Pierre Larousse est dans ce droit fil. À la fin du XIXesiècle, on trouve sur le marché deux dictionnaires opposés dans leur propos : celui de La Châtre, clairement marqué par les idées marxistes, qui se vante de « clouer au pilori les tyrans, les bourreaux des peuples... auquel s'oppose radicalement celui de Guérin, qui défend les thèses de l'Église catholique.
Depuis 1945, ces oppositions se résolvent différemment : d'un côté, des encyclopédies, dont Tout l'Univers en 1962 montre une voie : exposés courts, précis, ne mettant en cause aucune vérité, mais plutôt destinés à accompagner dans ses études le jeune scolarisé, avec plaisir de lire et de consulter garanti. Et cela marche : Tout l'Univers est toujours édité et reste un grand succès de l'édition.
À l'opposé, Encyclopaedia Universalis se veut dans la lignée des encyclopédistes des Lumières. Présentant le savoir en train de se faire, avec ses conflits d'idées, ses errances, ses incertitudes, cette encyclopédie se veut être le reflet des questionnements de son temps et non la lecture univoque de son époque. Mais cette édition, bien que succès commercial évident (500000 exemplaires vendus) reste marquée d'une aura d'intellectualisme et de difficulté d'accès.
D'autres collections encyclopédiques (Que sais-je ? aux Puf, Découvertes-Gallimard...) sont faites de mini-traités thématiques, dont la cohérence globale n'est pas assurée, hors la forme très standardisée (128 p. pour la première, une illustration débordante et parfois même envahissante par rapport au texte pour la seconde).
F. Guérard termine sur les cédéroms qui accompagnent dans certains cas (EU, Bordas encyclopédie) ou remplacent dans d'autres (Zyzomis). Intéressant sur l'exposé des motifs, ce chapitre me laisse un peu sur ma faim quant à l'histoire de l'édition elle-même.
Yves Garnier situe son propos sur le secteur éditorial des encyclopédies et dictionnaires encylopédiques, plus précisément vu du côté de la production. Il reprend néanmoins une partie du propos précédent, en insistant sur l'Encyclopédie française de Anatole de Monzie, assisté de la compétence de Julien Cain. Encyclopédie dont le propos s'attache non à réécrire ce qui était déjà fait (les Larousse, par exemple) mais à marquer les idées du temps par des développements signés de grands auteurs, assumant une pensée originale et construite. Cette Encyclopédie est bien oubliée, aujourd'hui... si loin dans sa présentation des recherches rapides de données factuelles !
Le corps de l'article est constitué d'une énumération de titres de dictionnaires encyclopédiques, ou d'encyclopédies, par ordre chronologique depuis 1945. Chaque titre est accompagné de citations de l'introduction, qui situent le projet selon son éditeur... Évidemment, cette énumération présente des incohérences : rapprocher Le Petit Larousse illustré, éd. 1948 sans transition avec le Dictionnaire encyclopédique Quillet, éd. 1953, m'ennuie quelque peu.
Car l'auteur ne prend pas le temps de décrire de façon plus critique, ou du moins analytique, les ouvrages présentés. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un article à prétention bibliographique, mais... Dans ce cas, j'aurais apprécié de trouver analysé le rôle joué par telle ou telle édition dans l'édition française de l'année (tirages, concurrence...) rien ou presque de tout cela... Je suis également très étonnée de ne pas trouver mention ici de l'Encyclopédie internationale des sciences et techniques, entreprise remarquable et inégalée des années 1975, alors qu'est cité le projet de l'Encyclopédie de Dominique Lecourt, malheureusement non abouti. De même, n'est pas mentionné le Grand quid illustré ouvrage remarquable par sa qualité et son illustration, pourquoi ?
Enfin, sont présentées les évolutions techniques de la fabrication, des contenus ou plutôt de la présentation, et l'avenir que l'on peut deviner dans le support numérique. Là aussi, nous sommes un peu frustrés : tout cela est très, très court... et trop strictement descriptif. Une lecture plus analytique et une mise en perspective avec les enjeux du temps auraient été fort intéressantes.