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Actes des Rencontres nationales sur la lecture en prison

1997
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    Par Jacqueline Liewig

    Actes des Rencontres nationales sur la lecture en prison

    Paris, FIAP Jean Monet, 27-28 novembre 1995 . - Paris : FFCB, 1997 . - 111 p. - ISBN : 2-90742045-3...

    10 ans après la signature d'une convention entre la Direction de l'administration pénitentiaire et la Direction du livre et de la lecture, où en est l'offre de lecture en prison ? Qu'en est-il du partenariat entre les bibliothèques territoriales et les bibliothèques d'établissements pénitentiaires ?

    C'est à ces questions qu'ont essayé de répondre les intervenants du colloque organisé, fin 1995, par la Direction de l'administration pénitentiaire, la Direction du livre et de la lecture, la Délégation interministérielle à la ville et la Fédération française de coopération entre bibliothèques, colloque dont les actes paraissent aujourd'hui.

    Si les représentants du ministère de la Justice ont réaffirmé leur « détermination à insérer la lecture dans la vie quotidienne de la prison et se sont félicités des avancées réalisées de 1985 à 1995 avec l'ouverture ou la restructuration de 120 bibliothèques en accès direct (sur les 183 établissements existants), si les professionnels de la lecture ont redit qu'ils considéraient le soutien aux bibliothèques de prison comme faisant partie de « leurs mis-sionsfondamentales", il reste qu'au-delà du consensus, de nombreux obstacles ont freiné le développement de ces bibliothèques.

    Dès l'ouverture du colloque, Gérard Brugière, chargé du développement de la lecture à la Direction de l'administration pénitentiaire, invoque « le rude principe de la réalité [qui] met en évidence l'écart entre les textes et leur application ». Ce que confirme, un peu plus tard, Nadine Etcheto-Tharel, conseiller pour le livre à la DRAC Languedoc-Roussillon : « Quand on parle de partenariat, on évolue en permanence dans un aller-retour entre volontarisme et épreuve de la réalité,,,

    Les obstacles, ils sont de tous ordres et ils se situent tant du "côté Justice que du " côté Culture ,. Citons pêle-mêle, le manque de moyens financiers octroyés par le ministère de la Justice, le manque d'implication des élus locaux (qui, en l'absence de textes officiels clairs, estiment quelquefois que ce n'est pas de leur ressort), les sous-effectifs des bibliothèques territoriales (parfois des réticences aussi d'ordre psychologique face à un public difficile et inconnu), les freins de l'administration pénitentiaire locale et spécialement des surveillants, et la difficulté pour tous de travailler en partenariat (personnels des BM et des BDP, de l'Edu-cation nationale et des prisons).

    Pourtant, il y a possibilité de faire sauter les verrous, de faire en sorte que, comme le dit G. Eboli de la BM de Nîmes, « le va de soi (les bibliothèques ne peuvent se désintéresser de la lecture en prison qui est un droit et une nécessité pour les détenus) et « l'impossible » parce qu'on n'a ni le temps, ni le personnel, ni le budget, s'effacent devant une action concrète.

    Les expériences relatées lors du colloque montrent que, pour que les textes signés au niveau national ne restent pas lettre morte, il est indispensable que l'on puisse compter sur la mobilisation de tous les acteurs sur le terrain.

    La convention signée à Nantes entre la Ville, le Conseil général, la DRAC et l'Université est un exemple de ce qui peut se faire pour développer les bibliothèques et l'animation autour du livre dans les établissements pénitentiaires.

    L'action de sensibilisation de l'Agence de coopération des bibliothèques en Aquitaine, avec la mise en place d'un réseau de lecture en est un autre exemple.

    On peut citer encore la politique partenariale de la région Languedoc-Roussillon ou le travail réalisé par l'association Lire et Vivre, à Fleury-Mérogis, avec le soutien de la direction et des éducateurs de la prison.

    Pour conclure, je dirai qu'il était important d'organiser ce colloque, qu'il est indispensable qu'il en reste une trace à travers cette publication, d'autant que la littérature professionnelle est peu bavarde sur le sujet (2 articles en 15 ans dans le Bulletin de l'ABF ! )

    Cette plaquette, en même temps qu'elle nous rappelle nos responsabilités, va constituer un bon outil d'information (sur le cadre réglementaire), de connaissance (sur la population carcérale et les pratiques de lecture en prison), et de réflexion (sur les partenariats à rechercher).

    Le public des prisons, cela concerne aussi les bibliothèques publiques et, même si la tâche est difficile ( les sociologues qui ont enquêté dans les prisons pour le compte des ministères de la Culture et de la Justice (1) ont montré que la lecture y reste une activité marginale), il est essentiel, comme le rappelle Michel Melot, que les bibliothécaires territoriaux s'y investissent.

    1. Enquête éditée par le Centre Georges-Pompidou en 1996. retour au texte