Index des revues

  • Index des revues
    ⇓  Autres articles dans la même rubrique  ⇓
    Par Maud Espérou

    Passion(s) et collections:

    actes du colloque de Chambéry, 21 et 22 octobre 1998 organisé par l'Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, la Bibliothèque municipale de Chambéry, la Fédération française de coopération entre bibliothèques. -Chambéry : FFCB, ARALD, Bibliothèque municipale de Chambéry, 1999. - 207 p. - ISBN 2-907-420-71-2. - 140 F

    Passion (s) et collections, deux mots accolés évocateurs de curiosité intellectuelle, d'érudition mais aussi de délire, de grivèlerie. À l'initiative de l'Agence Rhône-Alpes pour le livre et la documentation, de la Bibliothèque municipale de Chambéry et de la Fédération française de coopération entre bibliothèques, libraires, amateurs et bibliothécaires ont voulu voir clair dans cette passion de collectionner qui a conduit Jacques Doucet, Marguerite Durand, Henri Langlois et tant d'autres à être honorés et Libri à être condamné.

    Les intervenants à ce colloque de Chambéry ont tenté également de connaître le prolongement de ces passions dans le temps, comment nos bibliothèques sont aujourd'hui les héritières et dépositaires de ces collections, et les bibliothécaires les garants de la bonne conservation de ces fonds.

    Les interventions ont été ponctuées en trois temps :

    « L'art de collectionner », « Passages et continuité : de la collection privée à la collection publique », « Passions (re) partagées ». Si elles nous ont toutes paru intéressantes, certaines ont retenu particulièrement notre attention. Henri-Jean Martin nous a d'abord conduits à Wolfenbûttel en relatant l'histoire de la fameuse Herzog August Bibliothek. Il a aussi montré comment les collections rassemblées dans les bibliothèques américaines présentaient « l'avantage inestimable de réunir côte à côte la production de pays différents, ce qui n'est qu'exceptionnellement le cas en Europe ».

    À l'interrogation pessimiste de Dominique Coq, qui craint que le temps pour les amateurs de léguer leurs collections aux institutions publiques ne soit révolu, Marie-Odile Germain apporte un bémol : l'exemple fondateur de Victor Hugo a été suivi par des auteurs contemporains ou par leurs héritiers. Sont entrés récemment à la BnF, entre autres, les manuscrits et correspondance de Nathalie Sarraute, de Philippe Soupault, les lettres de Claudel, Cocteau, Jean-Louis Barrault reçues par Edwige Feuillère, etc.

    Nous avons toutefois quelque peu regretté que Jean Périn, le « psy », ne nous ait pas apporté quelque lumière analytique sur le cas Libri, évoqué par Marcel Thomas et sur lequel on ne peut manquer de fantasmer : cette rencontre est loin d'être innocente entre un patronyme qui s'identifie au livre et la passion de le collectionner. Jean Périn, probablement, n'avait jamais entendu parler de ce singulier personnage. Il en a depuis certainement tiré quelques conclusions que n'aurait pas désavouées Jacques Lacan.

    Il nous semble que ce livre aura un plus large public que les seuls bibliothécaires ; il mérite assurément de se retrouver sur les rayons de nombreuses bibliothèques.