Le propos de Jean Perrot est de mettre en avant les oeuvres proposées aux enfants qu'il considère comme représentatives de notre époque. Sa réflexion est centrée sur les ouvrages de fiction tels les albums, contes, romans, cédéroms et films des trois dernières années.
Dans la première partie de son livre, l'auteur annonce une affinité entre la fonction du jeu pédagogique et celle du conte littéraire qui remonte au XVIIe siècle. Au xxesiècle, la littérature de jeunesse assure toujours une fonction de divertissement.
Comme jouets et jeux, le livre est un produit de consommation dans lequel le fantastique est un enjeu commercial. L'enfant acquiert le statut de droit au jeu et à la « récréation » avec la Convention internationale des droits de l'enfant signée en 1990. Il y a donc une reconnaissance d'une culture enfantine.
L'espace ludique est à la fois un espace social et un espace permettant la construction de la personne. D'où le rôle important des adultes et en particulier de l'école, qui stimule l'imaginaire. Jean Perrot démontre que la culture d'enfance naît à l'école ou à la bibliothèque.
L'auteur s'attarde sur le personnage du Père Noël, qui est à l'origine d'une grande production de contes et de récits et témoigne du monde fabuleux de l'enfance. Culture populaire, le Père Noël s'appuie autant sur l'image et l'écriture que sur la connaissance d'un mythe partagé par tous.
Jean Perrot poursuit en proposant d'autres genres d'oeuvres introduits hiérarchiquement. Sur ce point, il fait apparaître que tous ces types de récits répondent au même besoin : celui du mythe.
La deuxième partie de l'ouvrage traite de la permanence de l'enfance chez l'adulte lorsque celui-ci accepte la fiction. L'auteur annonce la lecture comme étant un jeu.
Les critiques étudiés font ressortir trois types de lecteurs : le lectant, qui pratique la lecture comme un jeu ; le lisant, qui s'investit dans le monde imaginaire de ses lectures ; et le lu, qui se laisse aller à ses lectures tout en gardant une distance. L'auteur ajoute une nouvelle forme de lecture fondée sur le rapport du texte et de l'image et, pour ce faire, étudie le livre-jouet. Selon lui, sa manipulation conduit l'enfant vers l'activité intellectuelle et suscite en particulier son imagination, le livre animé conjuguant à la fois l'image, le mouvement et le texte.
Jean Perrot explique comment l'enfant joue avec le conte à la façon d'un « bricolage verbal ». Ainsi, il avance la lecture comme un repérage de règles proposées par l'écrivain. Le jeu consiste à construire, assembler puis décomposer le conte. Une question est alors posée : est-ce la fin du conte face aux nouvelles tendances littéraires ?
L'auteur poursuit son étude en exposant comment l'initiation culturelle s'effectue à travers différents modèles d'écriture de fiction. Selon lui, l'acquisition du langage n'est pas seulement un enregistrement, ce qui explique le plaisir de la lecture.
Puis Jean Perrot traite de la famille dans la littérature de jeunesse. Il détaille les relations familiales modernes et se demande, face à l'importante masse de romans sur le sujet et aussi de façon générale, si cela est bien de la littérature. Provocation qu'il tente d'expliquer en démontrant la réciprocité de l'écriture et de la lecture.
Le thème du héros qui accomplit des merveilles et dans lequel les jeunes se projettent est abordé à travers les lectures de romans historiques ou policiers qui sont à la fois très réalistes et chargés d'illusion. De même pour le récit d'aventures, qui répond aux exigences des lecteurs et se plie au modèle du rituel d'initiation. Enfin, l'auteur étudie le fantastique et le succès du genre.
La troisième partie de cet ouvrage traite des oeuvres faisant référence à la culture nationale et de celles qui ouvrent sur une culture internationale. Jean Perrot évoque différents auteurs dont le sujet est cher, et rappelle le conte comme étant le genre offrant le plus de diversité culturelle.
Il poursuit son étude sur différents thèmes tels l'Autre, la guerre et l'amour. L'humour est longuement étudié, suivi de la poésie afin de détendre le lecteur, précise l'auteur, qui repose sa théorie sur « l'écriture est le jeu dans le langage ».
Le dernier sujet traité porte sur deux fonctions de l'édition pour la jeunesse : garder la mémoire collective et former les citoyens du monde.
Jean Perrot, après avoir fait une synthèse des recherches sur la littérature de jeunesse, conclut sur la nécessité pour l'édition de jeunesse de se renouveler pour ne pas oublier le principe du plaisir dans la lecture.
Pour qui aurait besoin d'un panorama complet de l'édition pour jeunes, ce livre est sans conteste indispensable.