Je tenais à vous renouveler tous mes remerciements pour m'avoir décerné le prix des "Belles Oubliées" et redonné sa chance à un texte qui le mérite vraiment. La superbe édition d'Actes Sud fait en tout cas l'unanimité à Grenoble.
Je profite de l'occasion pour réparer un oubli, presque volontaire. Si je n'ai pas expliqué comment j'avais trouvé ce texte, c'est qu'il me semblait préférable, à ce point de la soirée, de ne pas abuser de l'attention du public. J'ai donc écourté ma lecture, mais je me sens quand même tenu de remplir les blancs de cette histoire ! En premier lieu, pour reprendre la formule de Picasso, je dirai que je n'ai pas cherché, j'ai trouvé. J'avais déjà découvert ce livre, il y a deux ans je crois. Voici dans quelles circonstances : J'effectuais à l'époque un travail bibliographique sur "l'Enfer" de la Bibliothèque, que nous avions décidé de réintégrer dans les collections générales. Je me suis pris de passion pour l'éditeur Poulet-Malassis, dont la production était largement représentée. En consultant la remarquable étude de M. Launay parue dans le Bulletin du Bibliophile, je me suis aperçu que certaines éditions étaient d'une indigne rareté. C'est le cas pour "De la Mode". J'ai donc vérifié si nous la possédions et je dois dire qu'au moment où j'ai trouvé ce minuscule ouvrage rangé sur une étagère, j'ai éprouvé un réel plaisir. Accru d'autant par la lecture de la prose de Gautier dont je n'avais gardé que de lointains souvenirs d'écolier. Lorsque l'annonce du concours a paru, j'ai bien sûr pensé à ce texte et à aucun autre.
Pour terminer, je vous avouerai que ma satisfaction est d'autant plus grande, que cette distinction intervient après deux années de recherches ardues. J'ai en effet suivi l'enseignement de l'ENSSIB pour préparer le diplôme de conservateur et j'avais précisément choisi comme sujet de mémoire : "La transmission des textes : vers une collaboration entre bibliothécaires et éditeurs". Sans être superstitieux, je verrai là une manifestation du "hasard objectif", voir même un coup de magie. Baudelaire surnommait d'ailleurs Gautier le "magicien". J'espère avoir ainsi répondu à votre demande.