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Les fonds patrimoniaux de la BU de médecine de Montpellier

2001
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    Les fonds patrimoniaux de la BU de médecine de Montpellier

    Par Hélène Lorblanchet

    Du Roman de la Rose à la Description de l'Egypte, la Bibliothèque Universitaire de médecine de Montpellier conserve des collections patrimoniales qui dépassent largement le cadre médical, pourtant lui aussi bien représenté.

    Cette situation a priori étonnante trouve son origine dans la période post-révolutionnaire, quand le dénommé Prunelle, médecin et bibliothécaire mandaté par Chaptal, s'en alla faire le tour des dépôts littéraires » pour constituer, pratiquement de toutes pièces, une bibliothèque digne de la prestigieuse École de médecine montpelliéraine. Avec une érudition et un dévouement remarquables, il mit sur pied un fonds encyclopédique dont la richesse et la cohérence forcent l'admiration.

    Les 900 volumes de manuscrits (dont les deux tiers sont médiévaux et 59 de la période carolingienne), parfois richement enluminés, et les 100 000 volumes imprimés avant le XIXesiècle, sans compter 300 incunables, furent en effet pour l'essentiel rassemblés par ses soins, même si la collection fut ensuite complétée par d'autres dons comme ceux de Barthez (5 000 ouvrages, surtout dans le domaine scientifique).

    Les manuscrits

    Le fonds de manuscrits constitue le trésor et la grande originalité de la bibliothèque : il est absolument exceptionnel de trouver un tel ensemble de textes de tous les domaines au sein d'une faculté de médecine.

    Pour la période médiévale, on constate une prépondérance de la littérature : lettres classiques mais aussi romans de chevalerie (un Perceval de Chrétien de Troyes, deux Romans de la Rose) ou encore poètes italiens tels Dante et Pétrarque. Viennent ensuite les manuscrits religieux : bibles richement illustrées, corans, sommes théologiques de Grégoire le Grand ou d'Isidore de Séville, gros volumes hagiographiques, bréviaires et missels.

    Les manuscrits médicaux essentiels sont là : Hippocrate et Galien, Avicenne, Rhazes, Albucasis (en deux exemplaires enluminés dont un en langue gasconne). Mais les auteurs du Moyen Âge sont tout aussi présents avec les Chirurgies de Guy de Chauliac ou de Roger de Parme (véritable bande dessinée destinée aux apprentis médecins-chirurgiens) et les oeuvres d'Arnaud de Villeneuve. Un projet d'étude et de mise en valeur de ces manuscrits par leur numérisation est en cours.

    On trouve ensuite les sciences sociales (droit, histoire et géographie) et enfin les sciences exactes et naturelles (astronomie, zoologie, chimie et bien sûr alchimie).

    La même diversité se retrouve dans les langues utilisées (latin bien sûr, mais aussi grec, arabe, italien, langue d'oïl et langue d'oc, etc.) et dans l'aspect matériel des manuscrits, des riches ouvrages décorés aux documents de travail annotés, qui donne un vaste panorama des différentes formes de l'écrit à cette période.

    Les imprimés anciens

    Le fonds des ouvrages imprimés ne le cède cependant en rien à celui des manuscrits quant à la valeur et à l'intérêt. Cette fois, ce sera de la médecine avant toute chose (45 %), tandis que les lettres (13 %), les sciences (16 %) et l'histoire et la géographie (17 % y compris les voyages) sont en proportion comparable. L'importance des ouvrages bibliographiques et généraux (11 % du total) montre bien le souci d'équiper la bibliothèque d'outils de référence et de travail suffisants.

    On trouvera donc tous les grands dictionnaires et encyclopédies, dont celle de Diderot et d'Alembert, des grammaires dans plus de 30 langues (y compris le gaélique ou le tibétain), les grandes relations de voyages dans le monde entier, la littérature antique (en particulier dans les éditions aldines) mais aussi classique, la philosophie, etc. Les sciences sont très représentées avec, outre les principaux auteurs antiques, les oeuvres de tous les grands savants de l'Ancien Régime, de Copernic à Condorcet et d'Olivier de Serres à Lavoisier, sans oublier Buffon ou Gesner aux célèbres illustrations.

    Mais la part la plus belle, on l'a dit, est pour la médecine, avec une collection d'ouvrages anciens qui va de Vésale à Ambroise Paré et de Harvey à Laennec, en passant par les « Montpelliérains Astruc, Barthez ou Théophile de Bordeu, ou plus récemment Flourens ou Jeanbrau. Elle est sans doute l'une des plus riches après celle de la bibliothèque interuniversitaire de médecine de Paris.

    La bibliothèque abrite également d'autres types de documents patrimoniaux : thèses anciennes de médecine de Montpellier et de Paris depuis le xvne siècle, périodiques anciens et enfin archives de l'École depuis le Moyen Âge, parmi lesquelles les registres d'inscriptions, qui nous permettent d'admirer les autographes des étudiants célèbres, tels Michel de Notre-Dame ou Théophraste Renaudot, sans oublier bien sûr le plus fameux, François Rabelais.

    Aujourd'hui, la bibliothèque universitaire conserve sur 9 km linéaires de rayonnages toutes les collections médicales (ouvrages, thèses et périodiques) jusque dans les années 1990. Depuis l'ouverture en 1993 de la bibliothèque de l'Unité Pédagogique Médicale à proximité des hôpitaux, les acquisitions courantes se sont recentrées sur les étudiants de premier cycle, qui sont accueillis dans la salle de lecture historique aux boiseries chaleureuses. Une autre salle est réservée aux chercheurs pour la consultation des fonds patrimoniaux.