Depuis que les deux juristes belges Paul Otlet et Henri La Fontaine ont commencé, vers 1895, à élaborer la classification décimale universelle (CDU), dont une première édition complète parut en 1905 (Manuel du répertoire bibliographique universel), le monde a changé, et les techniques d'information aussi : une classification doit se développer, s'adapter ou périr. La FID (Fédération internationale d'information et de documentation), qui gère la CDU, en a tout à fait conscience, en particulier à cause des implications financières de ses transformations. Cela a entraîné la création en 1991 de l'association UDC Consortium, dont le siège est à la Bibliothèque royale de La Haye. L'UDC Consortium regroupe les différents éditeurs de la CDU dans de nombreux pays, désormais directement impliqués dans la gestion du produit CDU, dont une version informatisée existe déjà en anglais (Master reference file). C'est ainsi que la CDU pourra sans problèmes être tenue à jour.
Cette cinquième édition abrégée reprend l'introduction qu'André Canonne avait écrite pour la précédente édition de 1986, et qui brille par sa clarté. Elle avait permis aux professionnels comme aux étudiants en documentation de saisir tout l'intérêt offert par la CDU, et de comprendre les principes de son organisation, notamment en matière de construction de notations composées. La CDU se distingue de la classification décimale de Dewey par la présence de signes qui permettent d'adjoindre aux indices de la table principale les indices provenant des divisions communes des tables auxiliaires. On trouve d'ailleurs là l'une des principales difficultés d'application de la CDU : l'exploitation complète de ses possibilités peut entraîner la fabrication de notations extrêmement complexes et inopérantes en matière de classement. Conscient du problème, André Canonne recommandait d'accorder l'indexation aux besoins spécifiques et de bien distinguer le catalogue systématique, où la notation peut être la plus complète possible, et le classement sur les rayons, où elle sera abrégée pour créer la cote (1) .
Cette nouvelle édition a été remaniée pour tenir compte des changements intervenus, tant dans l'évolution des connaissances (tables principales) que dans les transformations politiques (tables auxiliaires, notamment indices concernant la géographie). Destinée avant tout aux bibliothèques publiques et aux centres de documentation généralistes, elle reste suffisamment détaillée pour pouvoir être utilisée par les bibliothèques universitaires. Les renvois, les indications de subdivision permettent de s'en servir commodément. On regrettera pourtant le faible développement de la classe 8, qui laisse intacte là confusion entre langues et littérature (811 et 821), confusion que l'exemple présenté page 167 entretient ! On regrettera aussi que l'évolution importante de l'informatique n'ait pas été suffisamment prise en compte (à peine quelques indices sous 681.3), alors que la classification de Dewey (de 003 à 006) l'a bien marquée dans sa dernière édition.
Néanmoins, avec cette édition abrégée, on a un outil performant pour tous les centres de documentation (en particulier CDI de lycées et collèges) et les bibliothèques de taille intermédiaire qui utilisent la CDU, et qui n'avaient pas forcément besoin de l'édition moyenne (2 vol., 1990-1993).