Les bibliothèques ont de tout temps été destinées à proposer des supports de lecture - qu'il s'agisse de tablettes, de rouleaux, ou de codex - après les avoir réunis et conservés précieusement. Bien sûr, les conditions d'ouverture des bibliothèques ont varié dans le temps : bibliothèques privées, cabinets de lecture destinés à un petit nombre. Et puis, à la suite des Lumières, le xrxesiècle voit l'avènement de la bibliothèque publique, dont l'objectif est de développer la lecture dans tous les milieux.
Depuis l'époque où le seul manuscrit permettait de transmettre et de conserver la pensée ou les livres de comptes, sur des supports qui peu à peu s'allègent - tablettes, papyrus, parchemin, velin, et enfin papier - toutes les inventions techniques tendent à développer à la fois la rapidité de la copie du texte original, et simultanément à augmenter le nombre d'exemplaires pour élargir la diffusion des textes et de la pensée.
Le passage du papier et de l'imprimerie typographique au support numérique, puis aux réseaux de transmission d'information numérisée, peut se situer dans cette double acception...
En cette fin de XXesiècle, le paysage semblait voué dans le domaine du livre aussi à la production de masse, à la standardisation du produit éditorial (dans certains cas, pouvait-on encore parler de livre ?). La diffusion des produits culturels était prise en compte de plus en plus par des distributeurs nationaux, ou internationaux, aux méthodes de marketing étudiées et éprouvées.
Et puis l'informatique effectue sa révolution, celle que l'on imaginait peu : la numérisation des données, leur diffusion libre ou non sur le réseau des réseaux. Des changements inattendus se produisent à très grande vitesse, de sorte que la vision du monde des auteurs et de l'édition en est bouleversée en quelques années.
Aujourd'hui, des textes, des articles, des photos n'existent que sur la Toile, des auteurs se risquent à se passer d'éditeur au sens traditionnel du terme, les éditeurs modifient leurs pratiques et adaptent leur production à une demande émergente, ou qu'ils suscitent : après la standardisation, la production de masse, se profile une production à la demande, strictement adaptée à l'attente du lecteur, du chercheur !
Depuis plusieurs années, la bibliothèque a évolué vers des pratiques de proposition de services et pas seulement de fourniture de documents. Cette évolution est-elle une prémisse de la personnalisation de l'offre telle que l'on peut la pressentir à travers quelques-unes des offres éditoriales les plus innovantes ?
Lors de ces journées de Nancy, de Luxembourg et de Metz, nous essaierons d'approcher ces mutations radicales qui affectent déjà, et affecteront plus encore, les bibliothèques à l'aube du XXIe siècle :
Dans cette configuration, la bibliothèque - lieu de partage du savoir et des connaissances, lieu d'une proposition ouverte à tous et à chacun - a-t-elle encore sa place ? Doit-on repenser radicalement le concept même de bibliothèque ?